RISO

ATELIER DU FACTEUR CHEVAL / EDITIONS MEXICO

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la riso

Une riso est un type de duplicopieur reposant sur le principe du miméographe, technique de reproduction par pochoir. La riso préhistorique est le cyclostyle ou duplicateur stencil (cf. image ci-contre, et cf. ci-dessous pour la passionnante histoire de cette invention), inventé en 1881 par David Gestetner.
Une riso est une drôle de machine ayant les avantages d'une photocopieuse (la vitesse d'impression) tout en ayant un rendu proche de la sérigraphie. La riso permet donc des impressions en grandes quantités au rendu, pour faire bref, artistique.

Le mot riso ne vient pas, comme nous l'écrivions il y a peu, dupliquant des webbêtises, de "Riso Kagaku, du nom de son inventeur japonais".

L'inventeur de la riso se nomme Noboru Hayama. Le Riso Graph est commercialisé à partir des années 1950. La Riso Kagaku Corporation est le nom de son entreprise, qu'il crée en 1946 à Tokyo. Le mot riso signifie "idéal" en japonais.

principe de la riso

Une image, envoyée par ordinateur ou via le scanner intégré à chaque risographe, est reproduite en trame sur un master qui est enroulé autour d’un tambour chargé d’encre. Le papier traverse ensuite la machine pendant que le tambour tourne à haute vitesse pour transférer l’encre sur le support. Il y a autant de masters qu'il y a de couleurs; leur superposition donne l'image finale.

En riso, il nʼy a pas deux tirages identiques car lors des impressions en plusieurs couleurs, le papier doit refaire une passe en machine pour chaque couleur: les défauts d’alignement sont donc inévitables. Ce qui pourrait être considéré comme un défaut est, paradoxalement, ce qui fait l'attrait de la riso. Ce sont en effet ces très légers décalages, qui (avec un peu d'imagination ou d'exagération) ne sont pas sans rappeler les effets de débordement de la colorisation manuelle au pochoir des images populaires du XIXe siècle, qui donnent tout leur charme aux impressions en riso. Imaginez la chance: une photocopieuse qui fait des tirages uniques!

Les encres sont très vives, pures et translucides, et leur superposition crée des effets de transparence bien jolis. Ces encres, conçues à partir de 1954 dans l'atelier Riso Sha, sont composées uniquement de soja et ne contenant aucun solvant. Les encres riso sont d’origine végétale, et non pas minérale. Fabriquées à base d’huile de soja ou de déchets de riz, elles sont recyclées, recyclables, ne contiennent pas de composé organique volatile (C.O.V). Elles ne nécessitent pas d’énergie pour le séchage. Bref, une riso, contrairement aux procédés classiques d’impression basés sur la chaleur (offset ou photocopieur) repose sur un procédé d’impression à froid qui consomme très peu d'énergie. Conçu pour être un photocopieur grand volume, rapide et très peu coûteux, le risographe a d'ailleurs d'abord été commercialisé par Noboru Hayama dans les écoles, églises, prisons...

sans cerf-volant, pas de photocopieuse

Mais revenons sur l'histoire du cyclostyle.
David Gestetner est né en 1854 en Hongrie. Tout jeune, il travaille à la bourse de Vienne, et l'une de ses tâches consiste à faire à la main de nombreuses copies des résultats boursiers en fin de journée. Cela l’amène à réfléchir à une meilleure méthode de reproduction de documents. Cherchant une alternative au papier carbone ne permettant qu’un nombre limité de copies, il tente l'utilisation d'un pochoir: une plaque de métal découpée sur laquelle on passe de l’encre pour dessiner ou inscrire. Il invente le premier duplicateur de bureau qui permet de faire des copies de documents à peu de frais.

En 1875, David Gestetner immigre aux Etats-Unis et s’installe à New-York. Il emprunte de l'argent pour démarrer une entreprise consistant à colporter des cerfs-volants dans les rues de la ville. Quand il commence à peindre des cerfs-volants en papier ciré japonais manufacturé, il remarque que l'encre se propage dans la minceur du papier.

Gestetner déménage à Londres. En 1881, il crée sa société, la Gestetner Cyclograph Company, qui produit des pochoirs, stylets, rouleaux. Il fait breveter son invention le cyclostyle (du grec kiklos, cercle et stilus, plume) : une plume qui se termine par une petite roue dente, utilisée sur la surface lisse d'une feuille de fer étamé ou de zinc montée sur un bloc de bois.
Cette invention est un succès international. Gestetner la développe en plaçant le pochoir sur un tambour tournant dans lequel l'encre a été placée. En tournant, le tambour propage l'encre. Le système permet non seulement de dupliquer des documents manuscrits mais également dactylographiés.

Le succès du procédé est assuré par la seconde innovation majeure de Gestetner, brevetée aux États-Unis en 1885: l'utilisation d'une fibre de bambou aisément perforable, le papier japonais - dont l'une des faces est enduite de paraffine. La nouvelle machine peut maintenant faire 30 copies par minute.

Gestetner perfectionne encore la méthode utilisée du pochoir : une fine feuille de papier (à l'origine du papier pour cerfs-volants) est enduite de cire ou de paraffine (le stencil), sur laquelle on écrit avec un stylet. L’encre traverse le pochoir à l’aide d'un rouleau à encre et laisse son empreinte sur la feuille de papier blanc en dessous du pochoir. On répète le procédé jusqu'à obtenir suffisamment d'exemplaires. Gestetner nomme lui-même cette version perfectionnée de sa machine le Neocyclostyle Duplicating Apparatus ». La machine qui peut reproduire jusqu'à six copies par minute avec un stencil pouvant imprimer jusqu'à deux mille copies. L’appareil produit une image plus nette et plus propre, véritable processus d'impression. En 1909, alors que jusque là les copies se font manuellement, le premier duplicopieur électrique est mis en vente. Durant les années 1920, la société Gestetner Ltd s’implante dans plus de quatre-vingt pays.

Pour observer la rapidité de la bête et perfectionner votre accent américain et s'étonner de la tenue des secrétaires, vidéo d'archive de 1947... et une autre!