le doux surnom d'Erasmuse
La surnommée Erasmuse, du nom de son fabricant
Erasmus Sutter, est une presse lithographique manuelle datant vraisemblablement de 1876. Le bâti de la presse est entièrement en fonte, ce qui en fait une demoiselle pesant six cents kilos mais qui reste d'un format grâcieux et peu encombrant - moins d'un mètre de large.
Le premier modèle de ce type de presses a été
fabriqué à Berlin en 1839, dans lʼatelier dʼErasmus Sutter. Sur notre presse, une plaque en laiton a été ajoutée au revers, portant le nom dʼOtto Fischer, peut-être du nom du peintre, affichiste et historien de lʼart allemand à qui cette presse aurait pu appartenir - à moins qu'il ne s'agisse d'un homonyme.
Erasmus Sutter, longtemps en sommeil et démontée, a été acheminée vers lʼatelier du facteur cheval, et a donné lieu à de longues journées de grattage, huilage, et à quelques heures de jeu de légo... en fonte. La presse est en cours de restauration; il manque encore quelques vis, un peu de graissage, et la réparation du plateau. Vivement sa remise en route, qui donnera lieu à une nouvelle fête!
Erasmus Sutter a appartenu à
Michel Gentil, que nous remercions pour sa... gentillesse. Ainsi bien sûr que tous ceux qui ont aidé à la transporter, la nettoyer, et remonter: Mathilde B., Joël R., Ricardo U.V., Simon D., Francis T., Benoît G., Adrien B.B., Caroline V., Renaud P.
Le croquis ci-contre a été fait sur le vif par
Benoît Guillaume le jour du remontage!
et de 3 presses lithos à Marseille!
Cette presse litho servira à des imprimer des œuvres de dessinateurs, aux thèmes liés à certains livres des éditions Mexico - par exemple sur le thème des ex votos. Avec celles des ateliers
Les Animals {Joël Ramos} et de lʼatelier
Azulil {Mathilde Busch}, ce sont donc trois presses lithographiques qui sont en usage aujourdʼhui dans la ville de Marseille... Pour tout projet de litho, nʼhésitez pas à nous contacter les uns les autres. Chaque presse a sa spécificité, et chacun a des pierres de formats différents. Joël Ramos et Mathilde Busch sont imprimeurs lithographes à part entière, et ont dans leur atelier, chacun, une superbe presse française en bois.
Voir fonctionner une presse litho est, pour nous pauvres humains du XXI
e siècle qui pensons que lʼon imprime avec des machines au fonctionnement invisible et informatique, un moment magique - la réaction chimique, le grain du papier, la profondeur des gris plus ou moins estompés, la différence entre deux tirages, les gestes de lʼimpression... La contrepartie est bien entendu une certaine lenteur, qui est entre autres due à la préparation des pierres et au temps de séchage. Il y aura donc, pour certains tirages, des moments, annoncés ici, où qui veut pourra voir fonctionner la bête, qui nʼest pas farouche avec les visiteurs de tous âges.
L'invention de la litho
Pour les
ânes - dont lʼauteur de ces lignes fait partie, en tant que novice en la matière - un petit rappel: la lithographie (de lithos, « pierre » et graphein, « écrire ») est une technique d’impression qui permet la création et la reproduction à de multiples exemplaires d’un tracé exécuté à l’encre ou au crayon sur une pierre calcaire. En litho, le papier du dessinateur est donc... une pierre extrêmement lourde, même pour les plus petites!
La lithographie a été inventée par
Aloys Senefelder en Allemagne en 1796, et a été développée tout au long du XIXe siècle. La litho repose sur l’antagonisme entre l’eau et les matières grasses. Plusieurs vidéos sont disponibles en ligne pour comprendre le procédé;
en voici une qui a le charme des voix de lʼINA.
Fait moins connu, Senefelder a également inventé la technique annexe, pourtant essentielle, de l’
autographie, avec laquelle on dessine et écrit directement, à l’endroit, sur un papier spécial, qui permet de reporter les tracés sur une pierre lithographique pour procéder à l’impression. Ce papier, recouvert d’une couche de matière durcie, reçoit l’encre comme la pierre traditionnelle. En recouvrant la surface d’une couche de colle, qui isole l’encre du support, on peut facilement transférer celle-ci sur une autre pierre. Le « papier report », sur lequel on a écrit ou dessiné à l’encre grasse, est placé face écrite contre la pierre, et mouillé. La colle se dissout et l’encre se trouve reportée sur la pierre, inversée par rapport à l’original, et donnera donc une image à l’endroit à l’impression.
Autographie, autocopie, questions!
Pourquoi lʼautographie nous semble-t-elle être un point essentiel? Pour les tirages qui ne sont pas liés à lʼart, mais aux nombreux usages passés de la litho: musique, géographie, papiers en tête... Aujourdʼhui, la lithographie sert quasi exclusivement à des dessins dʼartistes. Lʼ
impression en miroir, par rapport au dessin réalisé sur la pierre, nʼest pas si troublante et étonne peu pour un paysage, un portrait, un dessin abstrait... Oui, mais la lithographie a pu servir à imprimer des pages demandant une précision extrême, de lʼordre du dizième de millimètre. Dʼoù cette question: comment faisaient-ils, avant? Certes, un dessinateur peut sʼaccoutumer à très bien écrire en miroir, mais il est des domaines où cʼest ajouter une contrainte énorme... Sans lʼautographie, la précision de certaines cartes dʼétat-Major, des partitions de musique, ou les papiers en tête aux écritures dʼune finesse stupéfiante, serait tout bonnement... invraisemblable! Chers lecteurs, nʼhésitez pas à envoyer des informations supplémentaires si vous avez des informations sur ce sujet précis.